Anna Weyant

Gagosian a le plaisir d’annoncer The Guitar Man, une exposition d’Anna Weyant qui ouvrira le 18 octobre 2023 au 9 rue de Castiglione, à Paris. Il s’agit de la première exposition personnelle européenne de l’artiste basée à New York et fait suite à Baby, It Ain’t Over Till It’s Over, sa première exposition avec la galerie, à Gagosian New York, en 2022. Tirant son nom d’une chanson du groupe de soft rock, Bread de Los Angeles, The Guitar Man présente de nouvelles peintures figuratives et des natures mortes inspirées des classiques de la culture pop américaine, comme La Famille Addams, Clue, Looney Tunes et Playboy. A travers ces images saisissantes, Weyant approfondit davantage l’esthétique sombre et l’aspect obsédant de son travail précédent.

Les peintures exposées à Paris reposent sur le motif de la maison de poupée que Weyant explore depuis ses toutes premières œuvres. En préparant The Guitar Man, elle a créé un nouvel exemple physique exquis qui rappelle la maison emblématique de la famille Bates dans le film Psycho (1960) d’Alfred Hitchcock. L’artiste y a puisé son inspiration – comme en témoigne House Exterior (2023) – et l’a utilisée comme une plateforme d’expérimentation avec conception d’éclairage. La taille de la galerie de Castiglione, tel un écrin, résonne aussi avec l’aura claustrophobe de la maison de poupée, évoquant le genre de souvenirs d’enfance qui perdurent à l’âge adulte.

L’atmosphère sinistre et prémonitoire de la maison de poupée est présente dans toutes les œuvres de Weyant. Qu’il s’agisse de portraits, de figures ou de compositions de natures mortes, les œuvres résonnent avec des images qui ébranlent les tentatives de calme de leurs sujets par des moments de maladresse consciente, laissant entrevoir une anxiété légère mais omniprésente, et l’influence manipulatrice de mains invisibles – et peut-être même, ici, directoriales. Les sujets de Weyant rejettent cependant l’impulsion d’une réaction violente en faveur d’un refus tranquille et introspectif. Dans ses natures mortes peintes avec une grande précision, elle confère aux objets du quotidien une atmosphère troublante.

Dans Girl with Candlestick (2023), Weyant représente une figure blonde pâle – les protagonistes de l’exposition ont été peints de telle façon qu’ils semblent interchangeables – enveloppée dans un drap blanc portant une fine bougie dans un support en laiton à travers un intérieur plongé dans une obscurité totale. Le visage typiquement lisse et arrondi, et les yeux orientés vers le haut prennent une nouvelle forme et une expression étrange créés par l’éclairage du bas, un artifice emprunté à l’éclairage cinématographique et théâtral qui transforme l’ordinaire en malveillance ou mystère.

Dans This Is a Life? (2023), l’artiste veille à ce que l’image d’un vase de fleurs argenté posé sur un rebord de fenêtre en bois qui encadre une toile de fond noire opaque – et dans laquelle son propre reflet est visible – paraisse doublement artificielle. Les fleurs blanches et jaunes de l’œuvre sont plates et stylisées, comme découpées dans des feuilles de papier, tandis que la question provocatrice et ambiguë du titre de l’œuvre se déploie sur le tiers supérieur de la composition en caractères audacieux rouges et blancs. Cette interrogation est le titre d’un dessin animé Looney Tunes de 1955 qui parodie l’émission américaine This Is Your Life des années 1950–60, mais on pourrait également l’interpréter comme un questionnement espiègle sur la valeur du genre de la nature morte ou sur l’existence des fleurs (ou la nôtre).