Rudolf Stingel

Gagosian a le plaisir d’annoncer une exposition de nouvelles peintures de Rudolf Stingel. L’exposition ouvrira le 17 mars 2023 au 4 rue de Ponthieu; il s’agit de la deuxième exposition personnelle de Stingel à Paris, plus de dix ans après l’exposition de 2012 dans le même espace.

Présentées dans une installation immersive, ces peintures aux couleurs vives offrent une direction nouvelle pour l’artiste. Les œuvres se concentrent sur la juxtaposition entre peinture figurative et abstraite: associant l’interprétation faite par Stingel de l’iconographie d’Ernst Ludwig Kirchner à son approche unique de l’abstraction. Il s’agit de la première exposition en galerie dans laquelle Stingel associe ses peintures à une intervention in situ, suite aux présentations acclamées de son travail au Palazzo Grassi, à Venise (2013-14), à la Fondation Beyeler, à Riehen/Bâle, en Suisse (2019), et à la Bourse de Commerce, à Paris (2022-23).

Stingel aborde la peinture de façon expérimentale, engageant à la fois le matériau, le processus de création, l’image et le concept. Au cours de sa carrière longue de quatre décennies, Stingel a continuellement cherché à subvertir les conventions de la création artistique en réimaginant les possibilités qu’elles offrent. Dans cette nouvelle série de grandes toiles, il transforme les motifs de l’œuvre Fränzi vor geschnitztem Stuhl (Fränzi devant une chaise sculptée, 1910) de Kirchner. Conservée dans la collection du Museo Nacional Thyssen-Bornemisza à Madrid, cette huile sur toile est l’une des plus célèbres de Kirchner; son approche radicalement moderne de la figuration et de la couleur résonne encore puissamment plus d’un siècle plus tard.

Cette nouvelle série s’inscrit dans la continuité de l’intérêt de l’artiste pour l’œuvre de Kirchner. Stingel a découvert le travail de Kirchner à la fin de son adolescence, alors qu’il vivait dans les montagnes du Tyrol du Sud près des Alpes suisses, où Kirchner s’était retiré en 1918. Depuis plus d’une décennie, Stingel revient sur cette influence en peignant des autoportraits en noir et blanc de l’expressionniste allemand; puis, plus récemment, des interprétations photoréalistes des paysages colorés peints par Kirchner à la fin de sa vie.

Les œuvres exposées s’inspirent du portrait moderniste historique de Kirchner, reprenant certains aspects de sa composition radicale tout en y intégrant des éléments propres à l’artiste. Ainsi, les œuvres présentent de nouvelles dimensions d’abstraction et de représentation, d’appropriation et d’originalité à son travail. Dans ces œuvres monumentales et mesurant près de quatre fois la taille du portrait original; le visage et la robe du sujet sont représentés dans une palette vive composée de vert, de rouge et de bleu, avec des ajouts tourbillonnants de peinture à l’huile texturée et d’émail doré. Intuitif, Stingel développe la surface de ses œuvres grâce à des méthodes qui lui sont propres, incorporant des motifs sur plusieurs couches de peinture et des coups de pinceau dynamiques.

En revisitant ce portrait à travers plusieurs peintures, Stingel réexamine et donne de nouvelles directions à son travail par le prisme de l’expressionnisme. Dans certaines œuvres, Fränzi, le sujet de la peinture, et la chaise sculpturale qui l’encadre sont partiellement ou entièrement masqués, ce qui accentue davantage l’affirmation de sa présence. Dans d’autres, la figure s’étend jusqu’à envahir la composition picturale, transposant son corsage en couches denses de pigments. Chaque tableau transforme l’image originale de Kirchner par diverses compositions, leur conférant une signification qui émerge à la lumière de l’histoire et de la recontextualisation de l’œuvre dans le présent.